Vieillir au féminin : les Françaises face au miroir du temps - Étude Ifop pour Humasana

La France compte aujourd’hui 15 millions de femmes âgées de plus de 50 ans. Dans une société qui conjugue injonctions à rester jeune et diktats de beauté, comment perçoivent-elles l’image qui est donnée d’elles ? Comment appréhendent-elles les effets du temps sur leur corps et leur intimité ? Se sentent-elles plus épanouies qu’au printemps de leur vie ?

À l'occasion de la journée mondiale de la ménopause qui a lieu le 18 octobre, Humasana a confié à l’IFOP le soin d’interroger plus de 1 000 Françaises appartenant à cette tranche d’âge afin de mieux cerner leur rapport à l’âge qui avance et aux inévitables changements qu’il impose.

Entre crainte de vieillir et sentiment d’épanouissement, entre complexes physiques et affirmation de soi, leurs réponses apportent un éclairage nuancé sur la manière dont elles abordent cette période charnière de leur existence.

Une insatisfaction croissante

Si elles restent majoritairement satisfaites (72% le disent) de l’image des femmes de plus de 50 ans dans la société, les Françaises concernées le sont moins qu’il y a une quinzaine d’années. Elles sont en effet 28% à déclarer être insatisfaites en 2023 contre 17% en 2007. A l’évidence, le mécontentement grandit face à des représentations qu’elles jugent encore marquées par l’âgisme, en décalage par rapport à l’image qu’elles ont aujourd’hui d’elles-mêmes. Cette insatisfaction est notamment présente chez celles qui se positionnent à la gauche de l’échiquier politique (33% contre 24% chez celles dont la sensibilité se situe à droite) et parmi les plus diplômées (38%).

Le ventre au cœur des complexes

Quelles que soient les études menées sur leurs complexes physiques, le ventre arrive toujours en tête des préoccupations des femmes.

C’est sans surprise le cas chez les Françaises de plus de 50 ans, dont les trois quarts (75% et 78% chez les moins de 60 ans) se disent complexées par les effets du vieillissement sur cette partie de leur corps, particulièrement sensible aux modifications hormonales de la ménopause. Viennent ensuite les bras (64%) et le visage (61%), dont les transformations inquiètent plus particulièrement les femmes qui ont passé la soixantaine, puis les cuisses (52%). Il est à noter que les endroits du corps les plus « sexués » que sont la poitrine (50%) et les fesses (42%) ne sont pas ceux avec lesquels les femmes se sentent le plus mal à l’aise l’âge venant.

En toute logique, interrogées sur les parties de leur corps sur lesquelles elles souhaiteraient pouvoir limiter les effets du vieillissement, les répondantes citent en tout premier lieu le ventre. Près des deux tiers (63%) d’entre elles le mentionnent contre la moitié (50%) lors d’une enquête réalisée par Ipsos en 2007, signe que les injonctions à une silhouette parfaite et un ventre plat gagnent du terrain quel que soit l’âge. Un tiers des Françaises voudraient également avoir la possibilité d’intervenir au niveau de leurs bras (+ 12 points par rapport à 2007) et une sur cinq (20%, - 7 points) sur leur cou, zones qui sont plus difficiles à dissimuler, notamment aux beaux jours. À l’évidence, les cuisses (14%), le buste (10%) et les jambes (7%) sont de moindres sources d’inquiétude.

Prise de poids, trouble du sommeil, douleurs articulaires

Lorsque les premiers signes de vieillissement apparaissent, généralement autour de la quarantaine, leur nature est plus ou moins susceptible d’affecter le moral des femmes qui les vivent.

Ainsi, parmi les trois quarts (75%) de celles qui ont pris du poids en lien avec la ménopause, plus de la moitié (39%) indiquent que ce changement les a perturbées. Les troubles du sommeil, ressentis par plus de 7 répondantes sur 10 (72%), constituent, eux aussi, des atteintes au moral non négligeables comme l’indiquent 29% des femmes concernées. Plus de 8 sur 10 (83%) ont ressenti des douleurs articulaires, et nombre d'entre elles (33%) en ont été moralement impactées. Bien plus que par les rides, elles aussi constatées par plus de 8 femmes sur 10 (83%), mais beaucoup mieux acceptées.

Comme les rides ou la modification de l’aspect de la peau, l'apparition de cheveux blancs est un phénomène commun à la plupart des femmes de plus 50 ans (77% en ont), et plutôt bien vécu dans la mesure où il est aisé, si on ne souhaite pas les voir, de leur donner une autre couleur. Fréquente puisque touchant près des deux tiers (63%) des Françaises de plus de 50 ans, la baisse de la libido affecte le moral de 12% d’entre elles. Dans des proportions proches, 13% des femmes qui rencontrent des problèmes de sécheresse intime, soit la moitié du panel, indiquent en souffrir psychologiquement.

Épanouies mais inquiètes

Si les effets du temps restent source de complexes, la majorité des femmes de plus de 50 ans expriment cependant un rapport plus serein à leur vie.

Ainsi, plus de la moitié (54%) se sentent plus épanouies qu’elles ne l’étaient à 25 ans, un sentiment particulièrement ressenti au sein des catégories aisées (64% de celles dont le foyer dispose de plus de 2 500 € de revenus mensuels) et par celles qui se trouvent très belles (79%). Un épanouissement qui n’empêche cependant pas la peur de vieillir de s’inviter chez près d’une Française sur deux (46%), particulièrement chez celles dont le revenu du foyer est inférieur à 900 € (60% la ressentent). Si plus du tiers (37%) des répondantes estiment qu’elles sont toujours aussi séduisantes passé le cap de la cinquantaine, elles sont, dans des proportions très proches, 35% à reconnaître qu’elles envient le physique de femmes plus jeunes qu’elles. Et quand bien même moins d’une femme sur dix (9%) a honte de dire son âge, près du quart (23%) redoutent toutefois de paraître plus vieille que ne l’indique leur date de naissance.

Cette crainte peut être mise en relation avec l’idée, très stéréotypée, que les hommes s’embellissent avec l’âge, gagnant en maturité et séduction quand les femmes voient leurs attraits diminuer. Une image qui n’est en réalité partagée que par 40% des femmes interrogées qui, surtout, considèrent dans des proportions presque identiques (38%) qu’elles aussi bénéficient de cette prime des ans. Pour autant, une large majorité d’entre elles estiment, pour les hommes comme pour elles-mêmes, que le temps qui passe ne se conjugue pas avec embellissement.

Sexualité : des chiffres qui rassurent

Envie de se sentir toujours désirables ? Besoin de se rassurer sur leur capacité à séduire ? Dans une société qui valorise la jeunesse, les femmes qui ont le plus peur de vieillir sont également celles qui sont les plus nombreuses à fantasmer sur des hommes plus jeunes qu’elles.

Elles sont 29% à le dire contre 17% de celles qui ne ressentent pas cette angoisse et 21% de l’ensemble des répondantes. À l’inverse, 7% se disent attirées par des hommes plus vieux qu’elles. Mais une large majorité (72%) des Françaises de plus de 50 ans se disent attirées par des partenaires de leur âge avec lesquels elles sont plus susceptibles d’entretenir une proximité générationnelle, probablement jugée plus viable sur le long terme.

Si 4 femmes de plus de 50 ans sur 10 (41%) font état d’une vie sexuelle aussi décomplexée que lorsqu’elles avaient 20 ans, celles qui se sentent aujourd’hui plus libres dans l’intimité sont presque deux fois plus nombreuses (38%) que celles qui ressentent le contraire (21%). Dans le détail des chiffres, on constate peu d’écarts entre 50 et 69 ans chez les Françaises qui vivent une sexualité plus épanouie que dans leur jeunesse, puis un fléchissement le cap des 70 ans franchi.

Bien que de nombreux défis liés à l'âge soient mis en exergue dans cette étude, notamment en matière d'acceptation corporelle et de bien-être émotionnel, les aspects positifs, tels que l'épanouissement personnel et une meilleure acceptation de soi, sont par ailleurs bien présents. Si la manière dont la société valorise la jeunesse a des implications profondes sur l'estime qu’elles ont d’elles-mêmes, il est également clair et rassurant de constater que de nombreuses femmes trouvent des sources de joie et de satisfaction en vieillissant.

Enquête réalisée par l’IFOP pour Humasana du 22 au 26 septembre 2023 par questionnaire autoadministré auprès d’un échantillon de 1 004 femmes, représentatif de la population féminine française âgée de 50 ans et plus.